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Le devoir de mémoire par Didier Picot

  • laurencejob
  • 7 mai
  • 5 min de lecture

L'OMNIUM DE LA CÔTE BASQUE 1967


L'OMNIUM de la CÔTE BASQUE est né en 1967. Le mot OMNIUM, génitif pluriel du mot latin « omnis », (tout), signifie « de tous », « à tous». Autrement dit, il indique que la manifestation appartient à tous, est ouverte à tous. C'est ainsi que l'on nommait chez nous les championnats professionnels ouverts aux amateurs dans les années 1950 et 1960, avant que ce mot ne soit remplacé par sa traduction anglaise « open ».


Dans les années 1950 et 1960, l'OMNIUM de Saint Jean de Luz succédait à l'OMNIUM de Biarritz au début du mois de Septembre : ce mini-circuit rassemblait les meilleurs professionnels français et espagnols.

Le plateau de l'édition 1963 de « la grande semaine internationale de la Côte Basque » comme on l'appelait alors était relevé, notamment parce que les résultats de ces Omniums basques comptaient pour la sélection des deux représentants espagnols a la Canada Cup à Paris ' six semaines plus tard.

Plusieurs témoignages le confirment : les pros espagnols, et notamment le grand Ramon Sota, venaient en mobylette, sac sur le dos, depuis Bilbao et Santander pour jouer ces championnats basques.

Cette année-là, c'est Ramon Sota, l'oncle des frères Ballesteros, qui remportait l'Omnium de Biarritz avec le remarquable score de 260 (66, 64, 66, 64), soit -16, 8 points devant Jean Garaialde, second.


Quelques jours plus tard, c'est Jean qui remportait l'Omnium de St Jean de Luz à Chantaco (65+65). Malgré tout, l'événement se déroulait « dans une ambiance détendue qui ressemblait plus à une fête familiale qu'à une grande manifestation sportive » écrivait Tennis et Golf. Dans un monde du golf professionnel qui se cherchait et s'organisait, les dirigeants des golfs de la Côte Basque réalisaient qu'il fallait voir plus grand et coopérer pour continuer à exister.

C'est ainsi que, début 1967, un groupe de personnalités de Biarritz, Saint Jean de Luz et Ciboure, sous l'impulsion du Champion de tennis et dirigeant d'entreprise René Lacoste, a décidé de créer l'Omnium de la Côte Basque. Ils se dotèrent d'une structure associative, le « Comité des tournois internationaux de la Côte Basque » qui réunissait des industriels, des élus et les dirigeants du monde du golf.


Dans une ambiance détendue qui ressemblait plus à une fête familiale qu'à une grande manifestation sportive

Le Président du Conseil d'Administration de ce Comité était Raymond Barbas, par ailleurs président de la maison de couture et parfumeur Jean Patou. René Lacoste, Jacques Neuhaus, futur président du golf de la Nivelle et chef de l'entreprise familiale de panneaux de signalisation du même nom et de Dr Paul Ricau en étaient les Vice-présidents. Hubert Chalmeton de Croy occupait les fonctions de Commissaire et Albert Bomboudiac, le légendaire directeur du golf de Biarritz et neveu du grand professionnel et professeur Pierre Hirigoyen, celles de Secrétaire trésorier.

Le Sénateur-maire de Biarritz, Guy Petit, était membre d'honneur du Comité où siégeaient également le maire de Saint Jean de Luz, Pierre Larramendy, le maire de Ciboure, Jean Poulou, Roland Raffard, président de la FFG, Pierre-Etienne Guyot, président de l'APGF, ainsi que messieurs Leven et de Sainte Croix. Tous étaient conscients de l'intérêt de coopérer autour d'un tournoi de golf international qui ferait rayonner la Côte Basque.

Qui dit tournoi professionnel dit dotation financière. Les industriels joignirent les actes à la parole et, en 1967, distribuèrent 25 000 francs aux professionnels les mieux classés, dont 10 000 francs au vainqueur.

Face au succès de l'événement, Guy Petit annonça à la remise des prix que la dotation serait doublée l'année suivante. Elle fut portée à 75 000 francs en 1969 dont 25 000 francs au vainqueur, ce qui en faisait l'Open le mieux doté du Continent européen.

On mesure mieux l'effort que représente une telle dotation quand on sait que celle de l'Open de France 1967 était de 10 000 francs et celle de l'Open (britannique) d'environ 10 000

Livres Sterling (soit 130 000 francs à l'époque). En 1965, le vainqueur de l'Open, l'Australien Peter Thomson, recevait 1 750 Livres, soit 22 750 francs environ.


L'Omnium 1967 s'est déroulé sur 72 trous les 5, 6 et 7 Septembre : 36 trous à Biarritz le 5 Septembre, puis dix-huit trous chacun des deux jours suivants à La Nivelle et Chantaco. La forte participation française et espagnole fut rehaussée par la présence de l'Australien Randall Vines et celle du Sud Africain Barry Franklin, vainqueur quelques semaines plus tôt à Evian.

Randall Vines a été pour nous une révélation

Après avoir joué plusieurs tournois dans les Iles Britanniques sans grand succès, Randall Vines, 22 ans, originaire de Brisbane, se distingua sur le Continent pendant l'été 1967 : il finissait en tête de l'Open d'Espagne avant de perdre en play-off face à Sebastien Miguel, mais débarquait sur la Côte Basque tout auréolé de sa victoire à l'Open de Suisse la semaine précédente à Crans sur Sierre.

Sans connaitre le golf municipal de Biarritz, ni les deux golfs de part et d'autre de la Nivelle, Randall Vines remit deux cartes de 71 et 65 à Biarritz, suivies d'un 63 à La Nivelle et d'un dernier tour en 68 à Chantaco, soit un total de 267 (-11). « Randall Vines a été pour nous une révélation » écrivait Tennis & Golf. « Si sa frappe de balle n'a rien d'exceptionnel, il n'en possède pas moins une régularité et un mécanisme de grand jeu parfaitement au point. Quant à son petit jeu, il ne présente aucune faille et son putting est particulièrement meurtrier. » Des observateurs de l'époque rapportaient tout de même que Vines avait drivé le green du trou nº3 de la Nivelle, par 4, ce qui, nonobstant le commentaire du magazine, dénote une bonne frappe de balle.

Derrière lui, Uvaldo Nogal finissait second à 3 points, devançant d'un point le Sud-Africain Barry Franklin.

Le Français Gérard Gassiat, biarrot d'origine et enseignant à Toulouse puis à Domont créait la surprise en finissant à la 4eme place, devant Jean Garaialde, 5eme. Dans les rangs des amateurs, Gaëtan Mourgue d'Algue était le mieux classé avec 284, précédant Alexis Godillot, Jean Delgado, Georgy Leven et Jean-Michel Larretche.

Randall Vines poursuivit une belle carrière de golfeur professionnel. L'année suivante, en 1968, il gagna 4 tournois professionnels, l'Open de Tasmanie (disputé pendant son voyage de noce) avec 17 coups d'avance, puis l'Open de Thailande, l'Open de Hong Kong et enfin l'Open d'Engadine, avant de perdre l'Open de Suisse en play-off face à I'talien Eric Bernardini. Après quelques années de disette, il revint sur le devant de la scène en gagnant l'Australian PGA Championship 1972 en stroke play et à nouveau en 1973, cette fois en match play. Il finit 5eme de la Canada Cup 1973, juste derrière Jack Nicklaus. Sa dernière victoire professionnelle eut lieu au Griffith Golf Classic en 1978, à l'issue du 5ème trou de play-off.

En 1995, il rejoignit le European Tour Senior où il se classa très honorablement, finissant 16ème de l'ordre du mérite en 1996. Même s'il n'a pas remporté de tournois majeurs comme ses compatriotes Peter Thomoson, Ken Nagle, David Graham, lan Baker-Finch ou Adam Scott, Randall Vines est considéré comme l'un des tout meilleurs golfeurs australiens de sa génération.

La grande leçon de cet Omnium de la Côte Basque 1967 fut son succès populaire notait Tennis & Golf : pour la première fois depuis la Canada Cup 1963à St Nom la Bretèche, plus de mille spectateurs, dont des non-golfeurs, suivaient les dernières parties à Chantaco.

Une vision, un leadership volontaire, un budget, des joueurs de talent, une vraie démarche de communication locale et internationale, les dirigeants des golfs basques de l'époque avaient rassemblé les ingrédients d'un beau succès qui se poursuivrait pendant plus de deux décennies.



 
 
 

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