Rencontre avec Bernard Pascassio
- laurencejob
- 7 mai
- 4 min de lecture

PLUS QU'UN MONUMENT
Pour tous les passionnés de golf, avoir rendez-vous avec Bernard Pascassio illumine votre journée. Avec son histoire passionnante, ses nombreuses vies, de joueur d'exception à organisateur de tournois, vous savez que le moment sera trop court et forcement frustrant. Et pourtant, le plaisir reste immense ...
Inutile de présenter Bernard tellement toutes les générations de golfeurs le connaissent. Du numéro 1 français en 1984, au commentateur télé sur Canal+ pendant plus de 20 ans, à l'organisateur de tournois aujourd'hui avec Kalika, société qu'il a crée en 1981 pour assurer ses arrières, Bernard Pascassio est une figure incontournable de notre sport depuis plus de 50 ans.
Le parrain de l'édition 2023 de l'ARKÉA OMNIUM, avec ses nombreuses anecdotes, reste une encyclopédie intarissable. Et parfois ses avis sont tranchés.
Celui qui est né dans la ferme familiale à Ciboure, à une distance de drive du Golf de la Nivelle, a rencontré le golf comme beaucoup de jeunes basques, en faisant le cadet à Chantaco dès son plus jeune âge, pour permettre à ses parents d'arrondir des fins de mois parfois difficiles.
Gagnant deux années de suite la compétition des cadets, Bernard comprit qu'il avait quelques aptitudes pour ce sport. Mais à l'époque, les trajectoires du sport de haut niveau n'étaient pas celles d'aujourd'hui.
Pourvu d'un CAP de menuisier pour rassurer sa famille, Bernard aime à dire qu'il a eu de la chance. La chance de caddeyer la famille Lacoste ou encore Philippe Chatrier qui lui ouvrira les portes du Club du Lys Chantilly. La chance de pouvoir devenir enseignant, en étant parmi les premiers à passer le diplôme d'Etat créé par Pierre-Etienne Guyot en 1969. La chance de participer à la Coupe du Monde à Buenos Aires avec Jean Garaïlade en 1970. La chance d'avoir fait de belles rencontres pour être soutenus dans ses différents projets, qu'ils soient sportifs ou plus tard, professionnels.

Mais en le titillant un peu, Bernard reconnait que la principale chance qu'il ait eu, a été de bénéficier d'une éducation bienveillante avec la transmission de valeurs nécessaires à la réussite.
J'ai eu de la chance
Fort d'une générosité hors du commun, et avec des convictions profondes, forme de pléonasme pour le basque qu'il est, Bernard a toujours cherché à donner pour simplement rendre ce qu'il avait reçu.
Dès le début de sa carrière, il entreprit de créer l'ADGF en 1982 pour la défense des directeurs de golfs, il entreprit également la création d'un circuit français, le Pro 2000, pour que les pros de l'époque puissent jouer et percevoir des gains car, et il faut s'en souvenir, il n'y avait que très peu de tournois à l'époque.
Bernard fédère autour de ses projets
Alors excellent joueur, numéro 2 français au début des années 70, puis numéro 1 au milieu des années 80, Bernard comprit rapidement qu'il n'était pas qu'un sportif mais également un entrepreneur.

C'est ainsi qu'il a pu construire une carrière, ou à coté du sportif reconnu, il y a toujours eu un enseignant, un consultant télé ou un chef d'entreprise.
Bernard est ainsi. A la fois visionnaire et ambitieux, sa profondeur et sa fidélité lui ont permis de faire de belles rencontres et de bénéficier de précieux soutiens pour mener ses projets à leurs termes.
On pourrait évoquer Charles Bietry, alors directeur des sports de Canal+, ou Bill Coore l'architecte avec qui il réalisa le Golf du Médoc, et sans qu'il soit possible de les nommer, tous les grands dirigeants avec qui il a pu travailler en toute confiance.
Bernard, et c'est là une grande qualité, fédère autour de ses projets. Pour constater cela, il suffit encore aujourd'hui, d'assister à un événement organisé par Kalika pour comprendre. Récemment encore, lors du Championnat de France Professionnels, organisé au Golf du Médoc, tous les joueurs l'interpellent, le remercient, échangent quelques mots. Bernard est un monument de notre sport. Un monument qui a su s'entourer avec des associés et des collaborateurs, connus et reconnus pour leurs compétences.
Porté par une passion inébranlable, Bernard Pascassio souhaite surtout nous parler d'avenir.

Bien que très impliqué dans l'événementiel depuis le milieu des années 80, il souhaite insister sur le plaisir qu'il a toujours eu à organiser de beaux événements, avec de grands joueurs. Aussi bien pour des tournois professionnels, pour des ProAm ou pour des épreuves amateurs, son emploi du temps est bien rempli, entre la France et le Maroc, pour proposer des événements réglés au millimètre.
Concernant le monde professionnel, Bernard reste dubitatif sur le rôle et l'utilisation de l'argent dans cette économie sportive. Il aime la prime au résultat. Il l'a toujours aimé. Il se souvient d'avoir doublé les Prize-money pour attirer des talents.
Aujourd'hui, il comprend moins les clés de répartition dans le golf actuel.
Comment peut-on faire cohabiter un circuit comme le LIV, avec des primes à la signature supérieures à 100 millions pour un seul joueur, avec un circuit comme le Challenge tour et ses 250 000 € à partager chaque semaine entre 150 joueurs ? Selon lui, le monde ne tourne pas rond et nous ne pouvons qu'être d'accord avec lui.
Il est important qu'on redonne au sport sa place initiale
En qualité d'acteur, puis d'observateur, son expérience et son regard forcent le respect. Bernard pense que les managers ont tendance à oublier les intérêts du joueur et sont trop présents dans la gestion et la planification sportive. Pour simplifier, Bernard est convaincu qu'il aurait été intéressant de copier l'organisation de l'ATP au Tennis pour éviter les écueils que l'on connait et particulièrement l'avènement du LIV. Ce projet, en son temps, avait déjà été porté, sans succès, par Seve Ballesteros et Greg Norman.
Pour lui, il est important que l'on redonne au sport sa place initiale.
Les passe-droits, les invitations, les exhibitions, les shows n'auront jamais la même saveur qu'un tournoi purement sportif où seul le mérite permet de revendiquer et rendre légitime sa présence au départ.

L'organisation idoine ? 52 semaines, c'est 52 tournois. Avec une répartition géographique conforme aux intérêts et forces en présence. Le tout organisé avec 3 ou 4 divisions.
On l'aura donc compris, la simplicité, la méritocratie, ou encore le bon sens paysan lui auront permis de construire une carrière extraordinaire.
Gary Player lui avait dit « Bernard, si tu veux de la gratitude, tu élèves des chiens ».
Bien que n'étant ni un Épagneul Breton, ni un Berger Allemand, nous vous témoignons une sincère gratitude pour ce moment passé ensemble.
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